jeudi 25 janvier 2018

Mort de Neagu Djuvara: historien, diplomate, philosophe, romancier et journaliste roumain

Neagu Djuvara, l'un des derniers représentants de l'aristocratie roumaine s'est éteint jeudi à l'âge de 101 ans.



Neagu Djuvara est né à Bucarest le 18/31 août 1916 dans une famille aristocrate d'origine aroumaine installée en Valachie depuis la fin du XVIIIe siècle et qui a donnée au pays de nombreux hommes politiques, diplomates et universitaires de prestiges.

Son père, Marcel Djuvara, chef de promotion à Polytechnique Berlin en 1906, capitaine du génie dans l'armée roumaine, est mort de l'épidémie de fièvre espagnole en 1918. Tinca Grădisteanu, sa mère, appartenait à la dernière génération d'une famille de boyards valaques.

Neagu Djuvara a fait ses études à Paris, licence de lettres à la Sorbonne (1937) et doctorat de droit (1940). Il a pris part à la campagne de Bessarabie et de Transnitrie (NDR: invasion de ces territoires en soutien des forces allemandes) comme élève - officier de réserve (juin - novembre 1941). Il sera blessé près d'Odessa.

En mai 1943, il est entré par concours au ministère des Affaires Etrangères et est envoyé à Stockholm dans la matinée du 23 août 1944 dans le cadre des négociations avec l'URSS, représentée par Madame Kollontai. Nommé secrétaire de légation à Stockholm par le gouvernement Sănătescu, il y restera jusqu'en septembre 1947 date à laquelle les communistes s'emparent de ce ministère.

Impliqué dans les procès politiques de l'automne 1947, il part et demeure en exil militant jusqu'en 1961 dans diverses organisations de l'exil roumain (secrétaire général du Comité d'Assistance aux Réfugiés Roumains à Paris, journaliste à Radio Europe Libre, secrétaire général de la Fondation Universitaire "Carol Ier).

En 1961, il part en république du Niger où il restera vingt - trois ans en qualité de conseiller diplomatique et juridique au ministère nigérien des Affaires Etrangères et, parallèlement, professeur de droit international et d'histoire économique à l'université de Niamey. Entre-temps, il avait repris des études de philosophie à la Sorbonne. En mai 1972, il obtient le doctorat d'Etat à la Sorbonne avec une thèse de philosophe de l'histoire sous la conduite du sociologue et philosophe Raymond Aron. Plus tard, il obtient également un diplôme du prestigieux Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).

A partir de 1984, il est secrétaire général de la Maison Roumaine de Paris jusqu'en décembre 1989 quand il retourne au pays. De 1991 à 1998, il est professeur associé à l'Université de Bucarest. Il est membre de l'Institut d'Histoire "A.D. Xenopol" de Iaşi et de l'Institut d'Histoire "N. Iorga" de Bucarest.

Les années qui suivirent la Révolution ont été celles d'une intense activité littéraire pour Neagu Djuvara. Il a été l'un des auteurs de livres les plus recherchés et les plus appréciés de Roumanie.
Aux Editions Humanitas, il a publié "De la Vlad Țepeș la Dracula vampirul", "Există istorie adevărată?", "Amintiri și povești mai deocheate", "Ce-au fost „boierii mari“ în Țara Românească? Saga Grădiștenilor (secolele XVI–XX)", "Răspuns criticilor mei și neprietenilor lui Negru Vodă". Certains de ses ouvrages ont été traduits en français et en anglais.

En 2006, il a été décoré de l'Ordre National "Service Fidèle" avec le grade de Grand - Coix. En 2010, il a été décoré par l'Ambassadeur de France à Bucarest de l'Ordre des Arts et Lettres avec le grade d'officier. Le 9 août 2016, il lui a été conféré l'Ordre National "Etoile de Roumanie" au grade de Chevalier.

En 1926, à Sinaia

En 1936, à Sinaia

Sous l'uniforme après le bataille d'Odessa (le premier à gauche)
Le jour de son mariage en 1938 avec une jeune française qui se prénomme France

Le jour de ses 100 ans


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire